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This book, originally published in French, is part of my Collected Works, which I have published under my artist moniker "Intoccabile". Perhaps one day, this book will receive the translation it deserves.
Philosophy and in this particular instance, Critical Phenomenology, is not easy. It can never be easy. This being said, I am truly happy that my readers have made it this far. The introduction (the first seven parts of the book) illustrated why it is so critical, today, to establish a scientific foundation using the method provided by Critical Phenomenology. In the main part of the book, which begins here, we will lay down essential concepts and allocate all of our analytical efforts to the "How" of our method. Here goes. Happy reading.
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1. Introduction générale et claire comme le jour à la phénoménologie critique entendue comme doctrine ou fondement de toute science possible.
1.1 Considérations préliminaires : échéance et déchéance de la philosophie; réception anticipée de l'ouvrage
Humblement, nous livrons au jugement que nous voulons - en une anticipation présomptive charitable - éclairé du grand public cette oeuvre grande et importante, appelée à faire scandale et époque.
Il s'agit d'un authentique ouvrage de science philosophique.
Cet ouvrage de science philosophique ne saurait être ramené sans mauvaise foi au rang de marmelade universitaire pour employés de bureau fatigués, desiderata auquel trop d'ouvrages se plient aujourd'hui non sans zèle hystérique.
Cet ouvrage dépasse, les cheveux dans le vent, ces feuilles de choux remplies de demi-science philosophique outrecuidante et d'histoire des doctrines ( celle-ci est un passe-temps estimable ).
Nous livrons cet ouvrage au regard de nos contemporains, tout en étant fermement convaincus que l'heure de la philosophie est bel et bien échue.
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Échue? L'heure de la philosophie?
L'assertion est en apparence assez contradictoire, puisqu'il s'agit là d'un ouvrage, n'est-ce pas ?, de philosophie.
L'heure de la philosophie serait échue. Ah ? Vraiment ? Et quoi encore ?
Le lecteur, sourcillant, et pourquoi pas, suant - il croyait, jusque là, le malheureux, en avoir pour son argent - nous presse de justifier une assertion, passablement osée, de lui fournir, séance tenante, des « explications ».
Les « explications » qui suivent - prononcées du bout des lèvres et pour ainsi dire en marmonnant puisque, pour le philosophe, elles vont de soi - soulèvent des points assez sensibles d'esthétique de la réception, de sociologie de la littérature et en creux, de l'institution littéraire.
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Échue, l'heure de la philosophie.
Il faudrait faire nôtre, en une déformation spécifique, le mot, d'une actualité surprenante, de Windelband à propos de la Phénoménologie de l'esprit de Hegel. Ce mot détourné à notre profit nous offrira un point de départ intéressant vers une explication de l'être-échu de l'heure de la philosophie, nous ouvrira un chemin de pensée.
Quelle est donc la teneur de ce mot ?
Windelband affirme que « la génération qui serait susceptible d'entendre la Phénoménologie de l'esprit de Hegel est en voie de disparition. Dès à présent, il faudrait compter ceux qui n'ont fait que la lire du début à la fin ».
Étendant ludiquement le domaine de validité de ce mot à l'ensemble de la philosophie, nous obtenons la chose suivante, qui synthétise de manière combien heureuse notre pensée : « La génération qui serait susceptible d'entendre la philosophie est en voie de disparition. Dès à présent, il faudrait compter ceux qui n'ont fait que lire un ouvrage de philosophie du début à la fin. »
Rendons-nous attentifs à la matière du mot détourné et tentons, dans la mesure du possible, de nous élever ce faisant à la hauteur de cette question décisive : pourquoi l'heure de la philosophie est-elle échue ?
L'heure de la philosophie est échue, puisque cette dernière est lancée « dans le vide », elle s'adresse à si peu d'entre nous, c'est-à-dire à ces quantités négligeables qui encore s'acharnent à lire et commenter des ouvrages de philosophie au lieu de contribuer de façon plus heureuse à la vie économique : les amants de la sagesse, ceux qui sont ou seraient susceptibles d' « entendre » et de « faire entendre » la philosophie, sont « en voie de disparition ».
En outre, il n'est pas même assuré que ces quantités négligeables qui s'adonnent à la lecture d'ouvrages philosophiques possèdent la culture nécessaire préalable et la capacité de comprendre ce qu'ils ont là en main, ce qui ne manque pas d'être alarmant tout autant que décourageant.
Il faudrait nous estimer heureux qu'il y ait même, ici et maintenant, des amateurs de philosophie, nous en étonner, ne pas leur faire grief de leur fréquente incompétence et procéder, en quelque sorte pour nous consoler, à un « dénombrement ».
Voici ce que le mot de l'excellent Windelband, spécifiquement déformé et détourné à notre intention, semble vouloir « dire ».
Si l'heure de la philosophie se révèle échue, peut-être devrait elle céder son pouf au bon sens philosophique, plus en phase avec notre époque.
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Il semble que règne dans le champ de la culture une extraordinaire prévention contre la philosophie.
Ceci pourrait expliquer en partie ce désintérêt pour la philosophie, le progressif amenuisement du public, ce disparaître des véritables amis de la sagesse.
Cette prévention contre la philosophie se double, paradoxalement, d'un culte de cette dernière et des grandes figures intellectuelles.
D'un côté, les individus issus de cette génération bien nourrie qui échange volontiers le gedanken pour la heineken, le gegenstand pour tik tok, qui porte aux nues le sacrifizio dell'inteletto, prennent un peu trop au sérieux le conseil de ménagère de ne pas pousser la réflexion « trop loin » et de s'en tenir « au concret », un concret que l'on oppose sommairement et sans trop réfléchir à l'abstrait, ou en d'autres termes, à la pensée identifiée à la ratiocination, qui, si l'on se fie aux rumeurs qui courent les rues, ne mène à rien.
De l'autre côté, l'on s'empresse de chanter les louanges de théories dont on ignore la teneur et de « figures intellectuelles glorieuses ». Mais ce culte des théories et des figures intellectuelles ne procède pas d'un plongeon dans la chose même, dans la philosophie, d'une authentique intelligence de la chose philosophique ; ce service divin continuel procède d'une directive administrative. La consécration obligatoire des grands philosophes et des grandes théories ou doctrines, le culte télécommandé des hommes sans esprit pour l'Esprit procède d'un ordre exécutif, celle de battre des mains au rythme de la teneur problématique d'une époque qui ne sait que tourner en rond autour d'elle-même.
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L'échéance de l'heure de la philosophie et l'extraordinaire prévention qui règne dans le domaine public à son égard ne procèdent-ils pas tous deux du fait que l'on préfère aujourd'hui à la Pensée considérée en son acception véritable son succédané bourratif, la philosophie comme sens de la vie ?
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La philosophie spontanée ( comme sens de la vie ), celle qui procède du sentiment de la vie ( Lebensgefühl ) ou selon l'expression de Dilthey, du sentiment de notre existence ( Gefühl unseres Daseins ), cette philosophie spontanée qui trop souvent dégénère en enthousiasme, nous met immédiatement en possession de points de vue arrêtés sur la Nature, les hommes, l'Infini. La maîtrise de cette philosophie spontanée ne nécessite aucune éducation ou entraînement spécial. Elle est potentiellement le propre de tous les hommes doués de raison. Il n'est pas étonnant, dès lors, qu'on la préfère à cette philosophie scolaire qui en puissance ne peut être l'apanage que de quelques uns.
Le bon sens philosophique, qui infailliblement dégénère en « je-crois-que », en bavardage (des propos tels qu'énoncer leur contenu et le réfuter est une seule et même chose) ou pire, en « philosophie du sentiment pur» (clin d'oeil en passant à l'esthétique du sentiment pur du Néo-Kantien Hermann Cohen) revêt la toge, la perruque poudrée et les autres insignes du pouvoir de la Pensée, et s'estime capable d'effectuer le travail que la pensée philosophique effectuait avant ce dérangement, quitte à appeler au secours la philosophie scolaire abhorrée si les choses tournent au vinaigre.
Les Jean-Saucisse de la pensée - ce sont probablement les mêmes qui propagent les rumeurs selon lesquelles Jésus aurait été le récipiendaire d'un certificat de stage en Inde - sont les héros du bon sens philosophique de notre temps ; ceux qui n'ont rien à voir avec la philosophie scolaire seraient les plus aptes philosophes : apothéose du dilettantisme:
« La réflexion sur les choses de l'esprit devient le privilège des hommes sans esprit.» ( Adorno, « L'essai comme forme », dans Notes sur la littérature )
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Nous avons conscience que cet ouvrage, clairement, ne trouvera probablement pas son public, et qu'il ne sera pas nécessairement compris. Nous avons conscience que cet ouvrage trouvera un adversaire de taille en la figure d'un penser commun, d'une pensée philosophique patate-molle qui pavane, se dandine, hennit et atteint sans cérémonies, miraculeusement, l'Absolu, tout comme elle transforme l'eau en vin et l'herbe en pâte à pain. Il sera mal reçu du fait qu'il refuse d'agiter les grelots de l'irrationnalisme ambiant, de s'y confondre : cet ouvrage, en effet, fait à sa tête et ne plie pas.
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Nos lecteurs trouveront exposées ici de manière lâche, non-systématique - conformément à l'obligation parataxique - mais non sans rigueur, nos idées directrices ( ou principes ) en vue de la constitution d'une phénoménologie critique en tant que doctrine ou fondement de toute science possible. Cet ouvrage propédeutique, puisqu'il conduit vers un exposé systématique de la méthode phénoménologique critique, fait suite aux Scories et aux Addenda, que nous avons publiés précédemment.
Un douloureux regard rétrospectif sur ces oeuvres, pour ne pas dire erreurs de jeunesse, finit de nous convaincre de leur obsolescence. La chose est malheureuse étant donné qu'elles constituent la seule introduction possible et valable à notre pensée et les conditions de possibilité de quelque chose comme un tournant ou changement de régime de connaissance.
Changement de régime de connaissance disons-nous. Le régime actuel : un régime de transition. Car l'esprit doit rompre « avec le monde, le mode de son être-là et de son représenter jusqu'alors en vigueur ; il doit concevoir d'abîmer tout cela dans le passé et le travail de sa reconfiguration. » ( Hegel )
La publication de cet ouvrage ne pouvait plus attendre, et c'est pourquoi il a été publié dans la précipitation. Ce publier dans la précipitation comporte un caractère de praxis. En effet, l'heure est sombre : l'universel travail de sape de la vérité avance tant et si bien que même à ceux qui font profession de science échoit en partage le bavardage comme Dire impropre de l'étant en sa totalité.
Cet ouvrage veut mettre un frein à ce travail de sape, à ce Verfall, à cet échec de la raison discursive, veut imposer le baillon à toutes ces grenouilles et têtes de poules universitaires, pour qui les ignorants s'extasient et battent chaudement des mains, et rendre possible un tourner-le-dos au bavardage, c'est-à-dire une « Parole ».
Qui « tourne le dos » au bavardage - il faut bien se détourner du bavardage, du rien-dire, pour se tourner vers la science, tout comme Calvin (Calvin, Jean. Institutio religionis christianae, IV, 2, 6, Corpus Reformatorum) s'est détourné d'eux pour se tourner vers le Christ - à la divagation étourdie, au commérage, non pas ouvre mais s'ouvre à un monde de possibilités inouïes, c'est-à-dire non encore entendues ou ourdies, avant toutes la possibilité insigne de redonner à la vérité, à la science, son avenir.
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Huitième partie - Notes
L'énoncé du titre (Introduction générale et claire comme le jour à la phénoménologie critique entendue comme doctrine ou fondement de toute science possible) est un clin d'oeil au Sonnenklarer Bericht an das größere Publikum über das eigentliche Wesen der neuesten Philosophie de Fichte, dont nous reprenons, à notre manière, le mandat, l'intention de clarté.
Science philosophique : Philosophie aura, dans le contexte de cet ouvrage, le sens de « science ». Ce qui revient à dire que la lexie aura le sens qu'elle possédait pour Heidegger, par exemple, selon qui il suffit de dire philosophie pour que cela implique l'idée de science purement et simplement. Pradines abonde dans le même sens lorsqu'il affirme, dans son classique Traité de psychologie générale, que « [...] la philosophie ne fait qu'un [...] avec la science même » et qu'il faut « accepter de parler de philosophie en ce sens ou se résigner à ne rien dire qui puisse satisfaire en ces matières l'esprit le moins exigeant. »
Selon certains, la philosophie ne devrait pas être trop exigeante et devrait même, pour se plier aux exigences de l'industrie du livre, se faire parfois objet de détente pour employés de bureau fatigués. Ces employés de bureau fatigués, les yeux tournés vers leurs saints patrons, à savoir - entre autres - Normand Holland ( The dynamics of literary response, New York, 1968, p.174 ) et I.A. Richards ( Principles of literary criticism, London, 1926, p.242 sq. ), selon lesquels la littérature serait d'une part objet de réconfort, d'autre part « piqûre de vitamines », bref, ravigorant massage de pieds intellectuel, sont les premiers à hausser le ton et se répandre en scènes dès lors que le scripteur, tel un lutin sautillant, s'applique en ricanant à troubler leurs trop rares temps de lecture, à y mettre le feu, en dépassant, ne serait-ce qu'un peu, le seuil de difficulté qu'eux jugent acceptable.
Rappelons que Wilhelm Windelband ( 1848-1915 ) a été l'élève de Kuno Fischer, fondateur de l'école néo-kantienne de Bade
Le mot de Windelband dans sa langue originale: « Das Geschlecht, das Hegels « Phänemenologie des Geistes », verstehen könnte, ist im Aussterben. Schon jetzt dürften diejenigen, die sie auch nur von Anfgang bis zum Ende gelesen haben, zu zälen sein. »
Échue, la philosophie? L'heure d'une discipline qui s'adresse à si peu d'entre nous et qui ne nous « touche » plus, avec laquelle nous ne sommes plus en mesure d'entretenir un rapport concret et authentique, est échue et doit peut-être faire figure de simple moment dans l'histoire universelle de la pensée.
Il n'est souvent pas permis de trouver réunies, au stade de la réception, les conditions de possibilité d'une appropriation véritable de la philosophie.
Le bon sens philosophique converge avec l'idée d'une Weltanschauungphilosophie, d'une philosophie comme « sens de la vie ». Une référence implicite à : Schelling, Einleitung zu dem Entwurf eines Systems der Naturphilosophie ( 1799 ). Le bon sens philosophique se définit en opposition à la philosophie entendue comme science. La distinction que nous opérons entre « bon sens philosophique » et « philosophie scientifique » correspond, en gros, à la distinction que Kant opère dans l'introduction de sa Logique entre la philosophie dans son concept scolaire ou scolastique et la philosophie dans son concept « cosmique » ( Kant, Werke, Édition Cassirer, t.VIII, p. 342 sq. [ traduction Guillemet, p.24 ] ). Thomas De Konink ( « Dire Dieu aujourd'hui », Laval Théologique et philosophique, Canada, volume 58, numéro 3 ( Octobre 2002 ), p. 503-530 ) offre une caractérisation du bon sens philosophique que nous aimerions retenir : « Tout être humain a une philosophie implicite, consciente ou point, certes souvent quelque peu fragmentaire ou non critiquée, mais qui commande toute sa vie. Ici et maintenant, par exemple, chacune et chacun d'entre nous entretient en son for intérieur une vision plus ou moins articulée de sa propre vie, du sens ou du non-sens de ce qu'il y fait, tentant ou ne tentant pas d'assumer de manière pratique, concrète, sa liberté, avec aussi une certaine idée de l'autre. [...] Consciemment ou point, cette vision dépasse l'immédiatement pratique, et comporte une idée de ce qu'est le réel, de ce qui est, voire de ce qui compte à ses yeux, autrement dit du bien, du bonheur.»
La philosophie est par nature « quelque chose d'ésotérique qui n'est pas fait pour le vulgaire, ni pour être mis à la portée du vulgaire » ( Hegel, « L'essence de la critique philosophique », Gessammelte Werke, 4, 124-125, traduction fr. B. Fauquet ). Cette assertion, sans être tout à fait fausse, manque assurément de sel dialectique.
Ces héros de notre temps, les Jean-Saucisse de la philosophie, bonhommes Michelin de la pensée universitaire: « Dans le vieux théâtre de marionnettes allemand, à côté de l'empereur, ou du héros quel qu'il fût, on ne manquait pas de placer le Hanswurst [ le « Jean-Saucisse » ] : chaque parole, chaque geste du héros, le Hanswurst les répétait aussitôt, à sa manière à lui, en exagérant. » ( Schopenhauer, Le fondement de la morale ) Le Hanswurst fait de la Pensée une simple affaire de « Jargon » ( voir T. W. Adorno, Jargon der Eigenlichkeit ) philosophique.
Au sujet du contesté certificat de stage en Inde de Jésus: Grönbold, G., Jesus in Indien. Das Ende einer Legende [ Jésus en Inde. La fin d'une légende ]. Münich, 1985. Selon Hans Küng ( histoire du christianisme ), cette légende a surtout été propagée par N. Notowitsch en 1894 et à une époque plus récente par S. Obermeier, entre autres.
Prévalence du bavardage. Bavarder est, entres autres choses, « pour-parler » au moyen de savoirs dont on ignore l'origine et dont on ne saurait prouver hors de tout doute raisonnable la validité.