La Phénoménologie Critique en tant que fondement des Sciences (14)

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3 years ago
This book, originally published in French, is part of my Collected Works, which I have published under the moniker "Intoccabile". Perhaps one day, this book will receive the translation it deserves!

Lien vers la partie précédente partie: https://read.cash/@Enforsys/la-phenomenologie-critique-en-tant-que-fondement-des-sciences-13-bcf945b7

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Quick note: this is non-syndicated content. This book, in its present form, has never been published online. Enjoy and please ask questions in the comments section if you have any.

We are getting into the most difficult and crucial part of this book, in which we define the partial concepts of the notion and Idea (two different things) of a Critical Phenomenology.

In this part, we will get to know the partial concept of Perception. What does it mean exactly, to perceive an object? Let us find out together.

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3.3.2 Qu'est-ce que percevoir un objet ?

Qu'est-ce que percevoir ?

Les théoriciens de la connaissance, sous l'influence néfaste de la métaphysique moderne de la subjectivité, laquelle oriente, aujourd'hui, toute problématique philosophique en fonction du sujet devenant par là-même principe premier, ont longtemps assigné à l'objet un rôle plutôt passif (assigné à résidence l'objet en une passivité originaire), second, dans le procès de la constitution du percept (et du concept).

Il en était tout autrement dans l'Antiquité et au Moyen-Âge: la question n'a pas toujours été tranchée, comme aujourd'hui, de manière aussi unilatérale en faveur du sujet. Ce durcissement de la modernité en faveur du sujet est un aveuglement. Pour Aristote, par exemple, et ultérieurement pour Saint-Thomas, lequel, comme on le sait, commente et s'inspire abondamment d'Aristote, l'objet est le principe actif. Le sujet, second, souffre l'objet, il pâtit. Considérant notre conception de l'objet en tant que se-projetant vers... en tant que principe actif dans le procès de constitution du percept et du concept, il est permis d'affirmer que, en quelque sorte, nous effectuons un retour à la conception de l'objet d'Aristote telle qu'exposée dans sa Métaphysique et dans De Anima.

Nous affirmons, contre la métaphysique moderne de la subjectivité, donc contre DesCartes, Kant, Hegel, Leibniz, Fichte, Husserl et leur suite, avec le Stagirite, Saint-Thomas et Spinoza, entres autres, que l'objet participe activement au procès de constitution du percept et du concept et s'avère premier.

Ceci dit, qu'est-ce que le percevoir ?

Toutes les dimensions de l'objet, ses multiples aspects et dimensions, sont en fait des structures ou schèmes d'appel qui mettent en demeure la sensibilité d'accueillir la chose en son immanence. Ce qu'il est important de retenir ici, c'est que l'objet est en soi un complexe de structures d'appel qui sans répit ordonnent au sujet de lui prêter attention.

La subjectivité, ce grand et noble principe de la philosophie moderne, n'a pas du tout le « choix » de poser ou non ses sens contre tel ou tel objet, elle est littéralement appelée à le faire.

Moi, dans cette galerie de peinture, suis appelé par cette statuette en bois polychrome. Les caractéristiques de ce matériau ont fait en sorte que je me suis tourné vers elle, et non vers telle autre, pour lui prêter attention. De même que cette odeur nauséabonde font que je me tourne vers la source supposée, présumée, de cette odeur. Jamais je ne choisis mon objet. L'objet, fait premier, lance vers moi pour ainsi dire des crochets - ie ses dimensions - et m'attire vers lui, à lui, malgré moi je vais à son encontre et transforme l'appelant en objet d'examen, d'analyse.

Une structure d'appel est en quelque sorte un vecteur : elle fait entrer, elle entraîne le sujet en un champ impressif, dans son espace, en un domaine spécifique au sein duquel les caractéristiques de l'objet, ses dimensions, s'impriment sur les sens du sujet, font impression.

Le champ impressif n'est autre que l'espace du rapport sujet-objet.

Bref, percevoir, ce n'est pas choisir d'aller, tout bonnement, à la rencontre d'un se-projetant-vers-les-sens, d'un objet, et saisir son effectivité, mais plutôt se rendre disponible, s'ouvrir aux appels lancés puis, subséquemment se laisser installer en un champ impressif au sein duquel les dimensions présentes, retenues, anticipées de l'objet, de l'appelant, s'impriment, font impression sur les sens d'un sujet que nos contemporains s'imaginent franchement un peu plus souverain.

Quatorzième partie - Notes

  1. « Il y a une tradition philosophique qui veut que toute certitude ait sa source dans l'expérience originelle du sujet pensant prenant conscience de soi : elle va de Descartes à Kant, de Kant à la phénoménologie [...] » ( Spinoza, Oeuvres complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, traduction nouvelle de Roland Caillois, Madeleine Francès et Robert Misrahi, 1954, p. 17 )

  2. L'idéalisme allemand en général, et Fichte en particulier, radicalise cette tendance lourde de la philosophie moderne en portant le moi aux nues : la philosophie devient subjectiviste, pose dorénavant ses problèmes de manière unilatéralement subjectiviste. La philosophie Antique est orientée vers le sujet sans pour autant être subjectiviste. Écoutons à ce sujet Heidegger: « l'orientation vers le sujet était déjà celle qu'avait prise la problématique ontologique de l'Antiquité, celle de Platon et d'Aristote, sans pourtant être orientée de manière subjectiviste au sens moderne. »

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